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Dixit ... Michel Huvet

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6 septembre 2013

MUNICIPALES CÔTE-D'OR : LA DROITE PILONNE LA GAUCHE

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Il a fallu la fête de la Rose à Frangy-en-Bresse pour que se mette en place la fête des Bourguignons à Vitteaux. François Sauvadet, désormais seul grand leader de la droite républicaine en Bourgogne, a réussi son coup et lancé la campagne des municipales tout en parlant des territoires, de leur sauvegarde, et tout en laissant François Baroin – bourguignon par une branche de sa famille qui a toujours pignon sur campagne à Ourroux-en-Morvan – raccrocher la branche gaulliste de l’UMP au déterminant mais petit arbuste centriste.

Ainsi se sent-on en ordre de marche. La campagne des municipales commence cette fois pour de bon. Les maires des villes d’à peine plus de 1 000 habitants scrutent la nouvelle loi électorale avec des yeux effarés : comment s’y prendre avec des listes bloquées en n’oubliant pas de respecter la parité hommes-femmes ? À Vitteaux, il fallait voir tous ces homes et femmes de droite cherchant auprès des “grands” un encouragement à leur conquête des villes de gauche : on pense à Laurence Porte à Montbard, à Jean-Philippe Morel à Longvic, à Pierre Jacob à Chenôve, à Catherine Sadon à Semur même si cette ville est encore à droite, comprenne qui pourra.

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On pense aussi au fabuleux trio qui, à Dijon, veut à tout prix déboulonner le seigneur dijonnais François Rebsamen. Oui, trio, d’abord parce que les Umpistes Emmanuel Bichot et Alain Houpert ne sont toujours pas départagés par les instances nationales et continuent de se concurrencer à coups de communiqués, ensuite parce que le troisième larron (FN) a fait irruption dans le débat au début de l’été et qu’il a la dent dure. Les deux premiers attaquent sur la désolation du foyer Sadi-Carnot ou le coût des impôts locaux, le troisième (Edouard Cavin) dénonce une insécurité galopante.

Pour François Rebsamen, qui a bien connu le père d’Edouard, Charles, au conseil régional, le risque est-il si grand ? L’arrivée du FN est nouvelle à Dijon et peut le servir dès le premier tour si … lui-même a fait l’unité (avec les Verts et le Modem) dès le premier tour. Dans le cas contraire, bonjour la triangulaire.

Michel HUVET

 

 

 

 

 

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10 mars 2013

MUNICIPALES CÔTE-D'OR : LES OPPOSITIONS SE RÉVEILLENT

Cette fois c’est parti et ça va être chaud, chaud, chaud.

Après les déroutes subies au cours des dernières élections – surtout la présidentielle et les législatives –, la droite se rebiffe et dans bien des villes de gauche sonnent les trompettes des assaillants. Mais à gauche, c’est presque itou : les maires PS ou radicaux sentent monter le vent de la contestation depuis leurs propres rangs, comme si de vieux clivages et de vielles rancunes s’étaient réveillées dans le froid de l’hiver. Quelques villes valent que, d’ores et déjà, on s’y arrête.

 

FabienneLepy À Montbard, c’est presque comme à Paris, une histoire de femmes. Pour déloger Christelle Silvestre, maire Laurence PortePS, elles sont déjà deux à s’entredéchirer. Mais on sait que si Fabienne Lepy, qui est maire d’Eringes, a de l’étoffe, sa rivale Laurence Porte a pour elle le soutien de l’UDI François Sauvadet, ce qui n’est pas rien, et l’avantage d’avoir failli faire trébucher Robert Grimpret lors des élections cantonales. On sait bien que Montbard est, par tradition, une ville de gauche, très longtemps communiste, mais les temps ont changé et Michel Protte a prouvé en son temps que c’était gagnable par la droite.

 

PJacob À Chenôve, tout va bien ? Pas si sûr. La ville, très à gauche comme toute la circonscription, aponsaa néanmoins une opposition de plus en plus solide, Pierre Jacob (UMP) s’y entendant comme personne pour déstabiliser une majorité socialiste… qui se lézarde doucement au fil des projets du maire, Jean Esmonin (centre culturel, nouveau centre-ville, etc). On murmure à Chenôve que le maire et son premier adjoint, le conseiller général Roland Ponsaa, ne s’adressent plus la parole et que le second mijoterait une liste contre lui aux municipales. Chenôve retrouverait alors le clivage républicains-socialistes qui avait marqué la ville après le décès de Roland Carraz.

LouisLegrand À Chevigny-Saint-Sauveur, la mort de Lucien Brenot a lézardé là aussi une majorité confortable. L’excellent et très convivial Michel Rotger – qui fut jadis conseiller du sénateur Michel Sordel à Châtillon-sur-Seine – a été élu au fauteuil de premier magistrat par défaut autant que par sympathie. Lui seul pouvait réunir les voix de ceux qui se regardent en chien de faïence ou qui ont fait leur temps et ne veulent pas qu’on le leur dise. Les batailles législatives perdues d’Anne-Marie Beaudouvi (2007, plus de 43 %) puis de Pascale Caravel (près de 47%), toutes deux adjointes à l’époque, ont laissé des traces. Et Louis Legrand, premier opposant, a bien lu : tant à la présidentielle qu’aux légilatives, c’est bien la gauche qui l’a emporté à Chevigny, c’est dire combien le malaise est grand à droite.

 

Et Dijon  ?

url Alors là, c’est le grand réveil d’une droite aphone et sans réflexe depuis le départ de Robert Poujade en 2001. Le PS François Rebsamen a fait ce qu’il a voulu, comme il l’a voulu. Et il a, du coup, mis à part l’endettement, un sacré beau bilan qui devrait pouvoir lui assurer l’année prochaine un troisième mandat. Si sûr que ça ? Certains, dans ses rangs, s’agitent un peu et toussottent dans leur coin. Les petits sous, un adjoint au violon, l’économie fragile, les travaux insupportables assombrissent un horizon tout rutilant.

Et la fuite du premier opposant, François-Xavier Dugourd, a changé la donne. Voilà qu’à droite, on rêve, depuis les gaullistes sociaux jusqu’aux franges du FN, c’est la quasi-union – la candidature d’Emmanuel Bichot restera fantaisiste, d’autant que Louis de Broissia, en statue du commandeur, l’a dégonflée illico – autour du sénateur (rural mais paradocalement très dijonnais) Alain Houpert qui aura l’investiture de l’UMP et à qui Laurent Bourguignat a déjà fait allégeance. Un discours très humain, hors politique politicienne, une campagne de terrain plus que de meetings, et voilà que la mairie pâlit et se paie des sondages à tire-larigo.

Dans cette capitale régionale à l’enjeu si important – “Qui tient Dijon tient la Bourgogne” disait Jean-Pierre Soisson –, l’annonce de listes marginales, mélanchonistes ou lepénistes, peut évidemment troubler des eaux pourtant bien calmes depuis douze ans.

Michel HUVET

 

 

11 février 2013

BENOÎT XVI : LES RAISONS D'UNE RENONCIATION

 

RELIGION - Le pape Benoît XVI démissionera le 28 février

Benoït XVI ne canonisera pas Jean-Paul II. Sa démission n’a surpris que ceux qui suivent de loin la vie de l’Eglise. Il est le troisième successeur de saint Pierre à se retirer avant son décès. Son témoignage est à l’exact inverse de celui de Jean-Paul II qui, en donnant sa vie et ses souffrances, a illuminé le coeur du monde entier. Cette fois, le théologien Benoît XVI a fait un autre choix, il n’a pas attendu l’agonie: ses arguments sont aussi la preuve d’un autre et non moins brûlant témoignage.

Voici ce qu’il en a dit, et ses propos dénotent une extrême humilité : “Dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. »

Et c’est vrai qu’on eut pu noter bien des signes de cette « fatigue » de Benoït XVI : quand il remettait lsur ses épaules la vieille « capa magna » depuis longtemps abandonnée, quand il avançait la messe de Noël de minuit à vingt-deux heures, quand il se délivrait sur d’autres d’un grand nombre de liturgies ou d’obligations (les canonisations, par exemple), quand il reprenait son souffle et ralentissait ses petits pas en arrivant aux audiences du mercredi…

De ce septenat pontifical, on retiendra les efforts accomplis par ce pape pour assurer l’impossible succession qui s’offrait à lui. Il l’a fait avec courage. Il l’a fait avec tout son cœur. On l’a très mal compris car, à l’inverse de son prédécesseur, il avait mal organisé sa communication. Les bévues ne l’ont pas aidé. On l’a caricaturé et il a dû en souffrir. Ceux qui, comme moi, l’ont rencontré à plusieurs reprises peuvent témoigner de la parfaite gentillesse de ce pape, de la douceur de sa voix, de la clarté de sa pensée théologique. Rien à voir avec le « panzer-cardinal » dont les médias nous ont abreuvé.

Sans doute n’y a-t-il pas, dans cette démission insolite que des raisons de santé. Le Vatican bruit d’une foule de rumeurs, complots ou trahisons, où la curie romaine paraît bien étrangement fourmillante de vaines paroles. Le pape en était-il si las que, dans sa prière, dans son intense prière, il a entendu le Christ approuver son intention de quitter sa charge ? Certains le diront. Des vieux bigots, sans doute. Pas les jeunes, ceux des JMJ, qui l’avaient adopté qui l’aimaient et qui vont une fois encore se sentir orphelins. Je revois la frêle silhouette de Benoït XVI aux JMJ de Cologne, juste après son élection. Les jeunes, les yeux encore emplis des larmes provoquées par la mort récente de JP II, lui firent des ovations aux cris de « Benedetto ».

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La frêle barque de l’Église a l’assurance de la présence de l’Esprit-Saint. Si elle ne l’avait pas, aurait-elle traversé tant de siècles et tant de turpitudes humaines ? Alors les chrétiens vont prier, encore et encore, laissant les paparazzi aller guetter, sans doute dans un village bavarois, ce pape honoraire jouant Mozart aux côtés de son frère Georg, tout aussi musicien que lui. Ils vont prier en silence, ce don du Ciel si oublié par la fureur de ce monde, le silence, « ce cadeau des anges dont nous ne voulons plus, que nous ne cherchons plus à ouvrir » comme l’écrit joliment Christian Bobin dans son dernier livre. Et ce silence, il attendra pour le retrouver qu’ait cessé le vacarme que son retrait a provoqué. Il attendra le 28 fevrier – un jeudi de carême – pour que se taisent en lui les rumeurs médiatiques. Ce jour-là, il priera pour les saints du jour, Nymphas et Eubule, dont il n’ignore pas qu’ils furent disciples de son cher saint Paul.

Ils vont prier aussi pour le prochain pape … qu’on plaint d’avance. Et qui sera-ce ? Sans doute pas un Européen, la vieille terre chrétienne étant spirituellement trop désengagée de la foi et de l’Eglise. Peut-être un de ces jeunes cardinaux du Brésil ou d’Afrique – ou de New-York ? – qui suivent le Christ là où il est aujourd’hui : au cœur du monde.

Michel HUVET

 

 

 

 

30 janvier 2013

DIJON : BOUSCULADE POUR L'APRÈS-DUGOURD

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Pas croyable : sitôt François-Xavier Dugourd disparu du paysage après qu’il ait annoncé – ce qui était à prévoir depuis quelques mois – qu’il ne briguerait plus la mairie de Dijon comme tête de liste, tous ses amis l’ont enterré sous des éloges hypocrites, histoire que chacun d’eux se rappelle au bon souvenir des autres.

On croyait ces temps politicards révolus : que nenni ! Nous revoilà donc avec six ou sept candidats au poste de premier magistrat. Mais parmi tous ceux-là, à part François Sauvadet (qu’on cite mais qui ne s’est pas prononcé, lui !), qui a prouvé quoi, qui les connaît, qui songerait une seconde à voter pour l’un d’entre eux comme maire de la capitale régionale ? Pour Ayache, pour Vandriesse, pour Bourguignat même ? Et avec quel programme ?

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On a même avancé des noms qui ne disent rien sur la place de Dijon. Tel celui d’Emnanuel Bichot, énarque et conseiller général de … Nolay. Sauf peut-être le nom d’Alain Houpert, le sénateur et maire de Salives, ce dernier implanté à Dijon depuis des lustres comme radiologue et qui, lui, a fait ses preuves et a des idées.

On communique avec des mots aussi vides de sens que "attractivité économique" ou que "convivialité". Dérisoire bataille de vocabulaire qui masque, pour certains, le vide d’une conception politique. Le tout, pour ceux-là, c’est d’être le chef en 2020, un point c’est tout.

Et puis on attendait que se fasse entendre la voix de Bernard Depierre. L’ancien adjoint de Robert Poujade, l’ancien député, a quand même encore de bonnes billes dams sa poche. Il a parlé. Pour n’en défendre qu’un : Alain Houpert. Cette fois, c’est dit, le radiologue a fait son diagnostic : il va y aller.

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François Rebsamen peut-il  dormir tranquille ? La tour Philippe-le-Bon, d’où il domine depuis 2001, restera-t-elle sienne un bon bout de temps encore, et d’abord après 2014 ? On voit mal, en effet, qui pourrait le battre, même si quelques mécontents – commerçants ou autres – trouvent qu’il en a fait un peu trop.

Lui sait qu’il en fait beaucoup. Et qu’il fallait le faire. La Ville s’est ouverte, la ville a changé, il a imprimé sa marque. Il tient toutes les ficelles de la ville et de la région. Il sait communiquer astucieusement. Les impatients de l’UMP local peuvent se regarder en chiens de faïence : cela doit même beaucoup l’amuser.

Michel HUVET

 

 

 

 

21 janvier 2013

LA MACHINE À DÉ-CROIRE TOURNE À PLEIN RÉGIME

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La machine à dé-croire : c’est ainsi que le grand poète Michel Lagrange, l’ami de Soulages, le professeur émérite de Lettres, l’académicien dijonnais, parle de ce qui se passe aujourd’hui dans l’enseignement primaire, on pourrait dire aussi dans les têtes dites bien faites qui hument l’air du temps et fricottent avec toutes les idées post-soixante-huitardes les plus éculées.

Mort de l’homme sans Dieu, disait à peu près Dostoïevsky. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Regardons autour de nous, partout, dans le monde politique, dans les états prétentieux, dans le commerce et le capitalisme effréné, dans la vie tout court, cette vie dont on croit pouvoir user et abuser comme si elle était un "bien" parmi les biens à consommer et non un don qu’il convient de préserver. Supprimons la vie avant la naissance, supprimons les vieux inutiles par l’euthanasie, supprimons la famille, fabriquons les enfants en fonction des désirs des uns et des autres.

Voici ce que Michel Lagrange a récemment raconté. Sans commentaires.

"Je me trouvais au Musée des Beaux-Arts de Dijon, lundi dernier, pour y écrire un texte, face au retable en bois sculpté de la Passion. Dans la même salle, durant les travaux du Musée, se trouvent quelques chefs-d’œuvre, dont la Nativité du Maître de Flemalle.

Une classe, plutôt bruyante, arrive, menée par quelques adultes. Les élèves, d’une quinzaine d’années, s’assoient par terre et l’un des accompagnateurs se met à commenter le tableau. Rapidement, superficiellement. Alors, un des accompagnateurs se détache des autres, et s’adresse à la jeune assistance. Il leur demande ce que représente ce tableau, et pourquoi il a été peint….

Je le vois venir avec ses idées que j’écoute, à l’écart de ce groupe. Le tableau a été peint, leur fait-il dire, pour faire croire au public de son temps en cette scène de la Nativité. Et vous, vous y croyez ? Non, bien sûr, murmurent les élèves. Pourquoi fallait-il croire à cette époque en ce genre d’épisode. Un élève répond que, sinon, on risquait la mort… ! De fil en aiguille, le commentateur  se met à parler de propagande, de conviction forcée, et d’ajouter, victorieux, qu’aujourd’hui, bien sûr, on ne croit plus.

Je bouillais, j’aurais voulu intervenir, mais j’avais autant peur de mon emportement que de mon manque de courage. Et voilà comment on endoctrine les jeunes élèves, au nom d’une liberté soixante-huitarde qui n’est pas périmée. Aucun mot sur la beauté, sur l’œuvre d’art, son style, ses influences. Admirable machine à dé-croire, à profaner de jeunes cerveaux, qui n’ont de liberté que celle du vide et de la nullité spirituelle." 

Ne vous frottez pas les yeux : vous avez bien lu !

Michel HUVET

 

 

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12 novembre 2012

JEAN-JACQUES ROUSSEAU ET DIJON : UNE "CERTAINE" ACTUALITÉ

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L’événement aura marqué tous ceux qui y ont assisté : trois cent soixante et un ans après que Rousseau eut reçu le prix de l’Académie de Dijon (à propos de l’amélioration des moeurs en fonction de l’essor des Lettres et des Arts), voici que deux savants d’aujourd’hui viennent à leur tour de recevoir le prix de l’Académie de Dijon pour leur ouvrage sur … Jean-Jacques Rousseau dont on fête en effet cette année le 300° anniversaire.

Et le livre couronné – Penser la République, la guerre et la paix sur les traces de Jean-Jacques Rousseau (Éditions Slatkine, Genève) – est en lui-même un exemple : les deux auteurs, Gabriel Galice et Christophe Miqueu (le premier économiste au GIPRI de Genève, le second philosophe à Bordeaux IV) ont en effet voulu sortir de "l’entre-soi académique" et l’ont écrit pour les citoyens de tous pays soucieux du bien public, de res publica.

Le maire de Dijon, François Rebsamen, a montré pour sa part, en félicitant les lauréats, l’actualité exceptionnelle de la pensée "républicaine" de Rousseau qui se montre le "moteur du progrès social". Les lauréats, dams leur livre, disent de même que les écrits de Jean-Jacques "donnent à penser la société contemporaine": "Ses incises d’une temporalité étrange, d’une actualité certaine, qui veulent éclairer sans dénaturer, répondent à (notre) ambition pédagogique et civique (…) Notre Rousseau est un homme à hauteur d’homme et de citoyen, pas un philosophe pur pour philosophes dialoguant entre eux aujourd’hui. Notre Rousseau est d’esprit, de chair et de sang".

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Le livre couronné par l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon donne, en couverture, une reproduction du Génie de la paix arrêtant les chevaux de Mars, célèbre peinture due à Bénigne Gagnereaux. Et où naquit donc Bénigne Gagnereaux ? À Dijon.

Michel HUVET

 

 

12 octobre 2012

DÉBAT SUR LA FAMILLE : LA NOUVEAUTÉ CHRÉTIENNE SELON MICHEL SERRES

 

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À quoi bon, même si l’on est un peu philosophe, dire plus mal ce qu’un « maître » dit si bien ? On parle des débats actuels sur l’homoparentilité et la famille, le mariage homosexuel et autres adoptions. Comme La Croix est un excellent quotidien, sans doute le plus honnête qu’on trouve actuellement en France, je n’hésite pas à reprendre l’article que lui a écrit Michel Serres. Une petite merveille. Lisez plutôt.

Michel HUVET

« Ce que l’Église peut apporter au monde aujourd’hui, c’est le modèle de la Sainte Famille. Ce modèle se trouve dans l’Évangile de saint Luc. On y lit que le père n’est pas le père – puisqu’il est le père adoptif, il n’est pas le père naturel –, le fils n’est pas le fils – il n’est pas le fils naturel. Quant à la mère, forcément, on ne peut pas faire qu’elle ne soit pas la mère naturelle, mais on y ajoute quelque chose qui est décisif, c’est qu’elle est vierge. Par conséquent, la Sainte Famille est une famille qui rompt complètement avec toutes les généalogies antiques, en ce qu’elle est fondée sur l’adoption, c’est-à-dire sur le choix par amour.

« Ce modèle est extraordinairement moderne. Il invente de nouvelles structures élémentaires de la parenté, basées sur la parole du Christ : "Aimez-vous les uns les autres". Depuis lors, il est normal que dans la société civile et religieuse, je puisse appeler "ma mère" une religieuse qui a l’âge d’être ma fille. Ce modèle de l’adoption traverse l’Évangile. Sur la croix, Jésus n’a pas hésité à dire à Marie, en parlant de Jean : "Mère, voici ton fils.’" Il a de nouveau fabriqué une famille qui n’était pas naturelle.

« Je n’ai pas la prétention de dicter quoi que ce soit de sa conduite à l’Église, mais puisque vous me demandez ce qu’elle peut apporter aujourd’hui, je crois que là se trouve une parole pour notre temps, où se posent tant de questions autour des modèles de la parenté, du mariage homosexuel, etc. Le modèle de la Sainte Famille permet de comprendre les évolutions modernes autour de la famille et de les bénir. Aujourd’hui, on dit souvent qu’un fossé se creuse entre l’Église et la société autour des questions familiales. Pour ma part, je constate que ce fossé est déjà comblé depuis deux millénaires. Je ne l’ai pas découvert, c’est déjà écrit dans l’Évangile de Luc. 

« Aujourd’hui, il s’agit de faire valoir cet "Aimez-vous les uns les autres" comme régulateur de ces nouvelles relations familiales. "Adoption’", vient du latin optare , qui veut dire choix. La religion chrétienne est une religion de l’adoption. L’Évangile nous dit que l’on ne devient père ou mère que si on adopte nos enfants. On ne devient père ou mère, même si l’on est un père ou une mère naturel (le), que le jour où on dit à son fils : "Je te choisis par amour’". Tel est le modèle de la Sainte Famille. La loi naturelle n’existe plus, c’est la loi d’amour qui compte en premier.

« Je crois que l’adoption est la "bonne nouvelle" de l’Évangile. Avant l’Évangile, il y avait la généalogie, les lois tribales, c’est-àdire les lois par héritage. Aujourd’hui encore, ce qui rend impossible l’arrivée de la démocratie, ce sont des luttes entre familles, entre tribus, les clans, comme autrefois dans le MoyenOrient antique.

« La nouveauté extraordinaire du point de vue politique, anthropologique et moral du christianisme, c’est d’avoir supprimé cet héritage naturel et d’y avoir substitué l’adoption, le choix délibéré et libre par amour. »

 

 

 

 

 

7 octobre 2012

LA RESCAPÉE DE DRANCY ET LA CRISE D'AUJOURD'HUI

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Elle s’appelle Mme Francine Christophe. Elle fut déportée depuis Drancy. Rescapée, elle passe son temps de vieille dame dans les écoles à tenter de témoigner devant des enfants abasourdis. Elle vient d’écrire à Bruno Frappat qui, dans La Croix, a rapporté de larges extraits de sa lettre. Et cela bouleverse les lecteurs.

La crise, – non pas la financière, mais l’autre, celle de la société tout entière, de sa jeunesse abandonnée et de ses valeurs piétinées –, Francine la rescapée en donne quelques exemples concrêts. Lisons-là :

 « J’ai souvent écrit à des journalistes, hélas, dans le vide. Hors du sérail, point de salut. Donc, hier, grande cérémonie à Drancy, pour l’inauguration du nouveau mémorial. Présence du président de la République. Normal. Discours du président de la République, normal.

« Nous étions là une poignée de survivants, peut-être vingt. Les ministres présents ont eu droit à quelques mots. Des adolescents aussi, puisque cette présidence est sous le signe de la jeunesse ; mais nous, les vieux enfants rescapés, rien ! Pas un regard, pas un sourire, pas une poignée de main. Au dépôt de gerbe devant le wagon, le président, encore des adolescents ; mais un survivant ? Non. Ce n’est pas grave, n’est-ce pas, puisque très bientôt nous aurons disparu, comme on dit gentiment…

« Autre sujet qui me met en colère. Les écoles, pour lesquelles on demande des moyens, encore des moyens. Mais personne n’ose prononcer le mot discipline. Pourquoi sommes-nous revenus, quelques enfants survivants (j’avais presque 12 ans), ceux qui n’ont pas été assassinés tout de suite ? Parce que nous avions été élevés avec rigueur et discipline. Cela nous avait rendus forts. Notre survie a été une forme de résistance.

« Je témoigne depuis 1995. Je vois entre trente et cinquante écoles par an. Avec une moyenne de deux cents enfants par témoignage. Je vois donc plus d’enfants, de professeurs, de proviseurs, que n’importe quel inspecteur. Trop de professeurs font ce métier sans vocation : ils me le disent. Trop de garçons issus de l’immigration n’acceptent pas d’être notés par des femmes. Trop d’enfants français « de souche » ont des parents qui ont peur d’eux et laissent tout passer et ne respectent pas le professeur… devant les enfants parfois. Trop de parents de l’immigration sont indifférents quand ils ne sont pas simplement opposés (et ne se déplacent pas si les professeurs le demandent). Trop de principaux ou de proviseurs sont des “Messieurs-Pas-de-Vague”.

« Nous, les rescapés, élevés dans une violence inqualifiable, retrouvant après-guerre un pays qui ne nous attendait plus et n’avait rien prévu pour nous, nous, les rescapés n’avons pas mal tourné. Lorsque je regarde mes camarades, je suis fière de nous. Cela, je le dis dans les écoles, et ça passe bien. Pardonnez-moi de vous ennuyer. »

Une fois encore, merci à Bruno Frappat, et à Francine !

Michel HUVET

 

 

 

 

 

 

4 septembre 2012

LE TRAM À DIJON : LE RETOUR

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Plus de 100 000 personnes dans les tramways dijonnais le jour de l’inauguration. Et des trams – j’y étais – encore bondés et pris d’assaut à 23 heures, une ambiance décontractée, le foulard cassis autour de chaque cou, on n’avait encore jamais vu cela dans la capitale des Ducs de Bourgogne.

A tout prendre, rien d’étonnant. En donnant deux conférences sur l’histoire du tram à Dijon devant le public de l’Opad, j’ai vite compris que la nostalgie de l’ancien tram hantait encore bon nombre de ceux qui étaient encore enfants quand circula une dernière fois le "1/6" le 1er décembre 1961, il y a donc juste un peu plus de cinquante ans.
La seconde raison, c’est le retour du rail dans la ville. Sans le PLM, sans le rail, Dijon ne serait sans doute jamais devenue la capitale qu’elle est aujourd’hui. Rappelons-nous que depuis que Napoléon III, en 1851, est venu banqueter au foyer du théâtre de Dijon après avoir inauguré la ligne PLM de Tonnerre à Dijon via le tunnel de Blaisy, la ville de 27 000 habitants est passée en quelques décennies, et grâce au rail, à plus de 80 000 au temps des grands-parents de Vincenot !
La troisième raison est liée à notre époque. Nous vivons dans un temps échevelé, un temps qui ne sait plus "prendre son temps". Le tram ramène soudain dans la ville, outre un calme bienfaisant, un temps plus apaisé. Il était flagrant de constater, dans les trams bondés du 1er septembre, la convivialité qui s’installait dans les allées, la mixité sociale qui s’y vivait, le sourire qu’on devinait sur beaucoup de visages.
On s’habituera, bien évidemment, à ce tram qui se "hâte avec lenteur", aux facilités qu’il offre à tous (un quart d’heure de la gare au CHU !), aux cadences et aux tarifs. Mais ce retour du rail de ville à Dijon aura marqué cette fin d’été 2013. Et le maire François Rebsamen aura définitivement compris que le mandat de premier magistrat d’une ville comme Dijon vaut tous les autres mandats politiques !
Michel HUVET
 
6 août 2012

LE MOULIN DE MARIE RAVENEL

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Elle n’était qu’une simple meunière, là-haut, en Cotentin, un petit moulin qu’éclairaient peut-être parfois, en clignotant, les lueurs du haut phare de Gatteville. Marie Ravenel, toute jeune encore, les mains encore blanches des farines accumulées sous sa meule, la grosse roue pleurant ses gerbes d’eau à peine arrêtée, prenait un papier et un crayon et écrivait des vers.

On était au XIX° siècle, et Saint-Père Eglise un tout petit chef-lieu de canton de la Manche. Et Marie écrivait :

 

Hélas ! ainsi tout pleure dans la vie ;

Ainsi toujours, par un sentier de maux,

Pauvre ruisseau ! la nature flétrie

Court au néant plus vite que les flots !

 

Le moulin de Marie est aujourd’hui restauré, ouvert aux visites, et son guide enthousiaste s’est mis lui aussi à faire tourner son moulin et produire à l’ancienne une farine délicate. Sous le toît de chaume, une salle de classe qui eut pu être celle des enfants de Marie Ravenel, fascine les enfants d’aujourd’hui par les souvenirs de pleins et de déliés, d’encriers évasés et de cartes de géographie jaunies. 

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Et la poésie de Marie ? Elle survit, grâce à la réédition de ses oeuvres complètes, Poésies et Mémoires, parue en 1890 à Cherbourg. On y apprend que Lamartine, le poète bourguignon, reconnut en Marie Ravenel un pair en art poétique, sacré compliment pour la toujours jeune meunière. Elle fut si touchée par l’accueil de l’auteur du Lac qu’elle écrivit un poème en son hommage au début de son livre :

 

Dans la nuit de l’oubli, comme elle, solitaire,

Ma Muse, avec l’honneur d’un éloge, naguère,

Reçut du grand poète un regard bienveillant.

Mon coeur de ce beau jour conserve la mémoire.

Ce magique regard m’a fait rêver la gloire,

M’a fait oublier mon néant.

 

Il y a quelque chose d’émouvant à réentendre ainsi, en ces temps de médiatisation ridicule et de crise identitaire, battre des coeurs avec de telles rimes.

Michel HUVET

 

 

 

 

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