SAINT-HONORÉ-LES-BAINS NE VEUT PAS MOURIR
Connaissez-vous le lieu le plus hors du temps de toute la Bourgogne ? Au bas du Morvan, sous le mont Beuvray, entre les pins et les étangs, près d’une source vivifiante, dort Saint-Honoré-les-Bains.
Une station thermale comme on les aimait à la Belle Époque, avec de vieux palais hôteliers, un parc immense que les oiseaux habitent en chantant, un vieux court de tennis pour les belles descendues là en hispano-suiza, des thermes impressionnants avec leur décor en faïence verte et blanche, un petit paradis tout entouré de villas à balcons. On est là "sous la mer", quelque part entre Atlantide et Nautilus, le temps n’existe plus, le présent seul reste immuable.
Au-dessus, oui, une petite ville survit, avec sa mairie et son café du commerce, et son église tout là haut, au troisième niveau. L’an dernier, le Tour de France y est passé, et les commerçants ont eu le sentiment d’une résurrection, juste le temps d’un après-midi avec casquettes en papier et accordéon de circonstance. Et puis tout est rentré dans le silence. Saint-Ho se meurt doucement dans l’indifférence. Des lambeaux de ce qui fut, il y a encore peu, un vrai salon du livre, font encore parfois un petit signe dans la grisaille ambiante. L’hôtel du Parc, qui se rappelle qu’ici Louis Malle tourna Les Amants, n’est plus habité que par les chauve-souris qui pendent le jour aux poutrailles mal étayées et sous des plafons qui, la nuit, laissent voir les étoiles.
Et pourtant, quelques-uns y croient. Un tel patrimoine attend ses sauveteurs. Déjà, des initiatives naissent ici ou là, une nouvelle directrice des thermes veut secouer la torpeur, ouvrir son établissement à tout le tourisme de bien-être, au-delà des soins traditionnels de maladies respiratoires ou rhumatologiques. Un projet culturel et touristique est prêt, quelque part, que sont prêts à soutenir des créateurs culinaires comme Guy Canot chez Lanoiselée, ou le discret et inventif Jean-Bernard Pilon au Bristol Thermal Hôtel. Saint-Honoré ne veut pas mourir et ne mourra pas. Il faut que ses palais sous la mer soient revisités et que ses quarante-six maisons à vendre trouvent vite preneur.
Qui aime Saint-Honoré-les-Bains nous rejoigne. Vite.
Michel HUVET